"Le marchand de passés" de José Eduardo Agualusa

Le « marchand de passés » en question est un nègre albinos qui vit à Luanda, en Angola, quelques temps après la fin de la guerre civile. Outre le commerce de livres auquel il s'exerce officiellement en tant que bouquiniste, il vend de fausses généalogies et de fausses biographies à quelques puissants de ce monde qui ont su s'assurer en la période de troubles sanglants tout juste éteinte un avenir radieux et qui veillent dorénavant à transmettre à leurs descendants un « bon passé », glorieux pour satisfaire leur vanité et sans tâche pour cacher leurs crimes. Au sein de sa vaste maison emplie de livres, va se nouer un drame où les passés fictifs et réels de trois personnages vont se rejoindre et écrire le dernier acte de leur histoire commune dans le sang. Un gecko à demeure décrit les faits.

Les personnages ont ceci de troublant qu'ils ont une réelle épaisseur bien que leurs identités soient des plus incertaines. L'un est un enfant abandonné ayant le gecko pour double, l'autre ne se dévoile qu'au travers de la nouvelle identité qu'il s'achète et de vérités invérifiables, un autre encore vit caché. Pour couronner le tout, le Gecko mêle à la description des faits et des personnes ses propres rêves. Une écriture souple, vive et douce permet à l'auteur de réaliser avec élégance et brio de telles figures et de construire un récit riche en poésie et en véracité.