"Les Sioux - vie et coutumes d'une société guerrière" de Royal B. Hassrick

Dans le morne quotidien qui est le mien à l'heure actuelle, lire ces pages consacrées aux Indiens d'Amérique du Nord m'est, comme la remontée à la surface des mers pour les mammifères marins, une respiration salutaire, une nécessité absolue. Enfin! une échappatoire à la platitude et à la fadeur de l'existence dans laquelle  je me démène et m'emmêle, une bouffée d'aventure et de compagnie animale, un autre amer culturel vers lequel s'échapper ne serait-ce qu'un instant même si l'on sait que cette société brille de l'éclat d'une étoile morte. Car le monde des Sioux, tel qu'il fut à l'heure de leur apogée au XIXe siècle et tel que décrit ici, est bel est bien mort.

Cet ouvrage d'ethnologie, par la précision de ces informations et la complétude de son regard, offre une peinture vivante de cette société défunte. Les mythologie, religion et rites, ordre social, identité et division sexuelle, culture matérielle et économie sont traités; la rencontre avec le monde Blanc n'est  par contre abordé que tangentiellement. L'auteur s'attache par ailleurs à comprendre comment s'opère au sein de la société sioux la structuration de la personnalité, comment s'organise ce jeu de tensions entre aspirations individuelles et  règles collectives d'une part, entre violence et altruisme d'autre part. Car si aujourd'hui, à l'heure d'une prise de conscience écologique planétaire même balbutiante, la réelle et consciente communion entre Sioux et ordre naturel semble à la fois le fruit d'un paradis perdu et l'espoir d'un avenir impossible, il est tout ausi vrai qu'à l'inverse l'importance revêtue par la violence guerrière et la douleur physique en cette culture apparait tout autant de maux pour l'individu heureusement révolus.