"Un chien de caractère" de Sandor Marai

Publié le par Orhan Laxness

UnChienDeCaractèreAvec son élégance coutumière qui, à mes yeux, s'apparente à la beauté formelle de la prose de Stefan Zweig et qu'ont su retranscrire remarquablement  les traducteurs (Georges Kassai et Zéno Bianu), Sandor Marai nous transporte dans ce court roman à Budapest, en 1928, au sein d'un foyer bourgeois dont le maître de maison, Monsieur,  vit cahin-caha de sa plume. Le soir de Noël, alors qu'il avait pourtant convenu avec son épouse, Madame, de ne pas dépenser inutilement d'argent dans l'achat de cadeaux,  tension économique oblige,  Monsieur offre à celle-ci un chiot répondant au nom de Tchoutora. Ce bâtard, vendu mensongèrement comme chien de race, se révèle au fil du temps doté d'un caractère prononcé et mordant, caractère  acquis auprès de Madame et Monsieur évidemment mais aussi au côtoiement  du petit aéropage d'individus gravitant autour d'eux, dotés pour certains de traits forts singuliers, et qui, pour l'essentiel, vit dans l'immeuble où les propriétaires de l'élément canin au centre de cette histoire ont leur propre appartement.

La description du développement de Tchoutora est l'occasion, ou le prétexte, pour le narrateur de conduire diverses réflexions concernant la gent humaine, tout du moins son incarnation magyare, ainsi que les règles sociales et comportementales auxquelles cette dernière se doit de se soumettre. Bref, à l'instar de  Montesquieu qui interrogeait sa propre culture en prétendant questionner celle du monde perse, Marai, ici, se demande prétendument  "comment peut-on être chien?"  pour mieux satisfaire son envie de décrire l'étrangeté de l'espèce humaine.


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